Pour vous permettre de voyager avec nous, voici un bref aperçu de notre carnet de voyage publié à l'époque pour les amis et les proches qui nous suivaient dans cette aventure. Écrit en cours de route, le livre Cadence vous permettra quant à lui de plonger dans cette aventure, ses découvertes, ses joies, ses peines, ses moments de magie et ses nombreuses rencontres.
, nous entrouvrons nos yeux au son de ce que nous croyons être un «Veuillez attacher vos ceintures, nous amorçons maintenant notre descente vers Ulaan Baatar.» La steppe s'étend sous nos yeux à perte de vue. Ici et là, des yourtes sont regroupées, des troupeaux sont dispersés. Mais où allons nous comme ça? Il ne semble y avoir aucune ville, aucun signe d’urbanisation…
Rapidement, nous reprenons possession de ce qui sera notre maison pour les prochains mois. Tout y est et tout semble être en bon état. De sentir de nouvelles odeurs, de voir de nouveaux visages, de réaliser que nous venons d’ouvrir une porte sur un nouveau monde assouvit un besoin qui depuis longtemps s’est encré en nous. Avec la plus grande conviction, nous parlons de cette hormone du voyage qui, sans aucun doute, a créé une réelle dépendance chez nous.
La gentillesse, la curiosité et le caractère fonceur du peuple mongol nous impressionnent dès les premiers instants. Taxi! Taxi! Non, ça va aller, nous avons notre propre moyen de transport… Ainsi avons-nous entamé notre immersion dans la culture mongole. Premier coup de pédale, premier regard sur la steppe, premier sourire. Certes, du haut de notre hublot, nous n’avions pu entrevoir les assises de cette ville en plein bouleversement, où modernité et tradition semblent cohabiter avec de plus en plus de difficulté. Un coup de pédale, deux coups de pédale, trois coups de pédale et ça y est, nous sommes partis!
, la Mongolie… Immenses étendues de steppes, centaines de chevaux galopant au vent, hospitalité nomade légendaire. La saison des vents ne nous rend pas la tâche facile, mais la beauté de cette culture, de ce peuple et de ce pays ne peut que nous faire avancer, toujours plus loin, dans nos têtes, comme sur le terrain. Ici et là, on nous invite à prendre le thé, à déguster du yaourt et de la crème sure. L'hospitalité est définitivement maîtresse en ce pays.
Plus nous avançons, plus nous découvrons un monde où les traditions semblent se perpétuer à jamais, où l'éducation, celle de la steppe, est au centre de la vie nomade. Souvent, nous dormons dans la yourte ou à ses côtés, partageant l'espace d'un instant une portion de vie qui, par les signes, les regards et les sourires, se transforme en pur moment de magie. Bon, nous tentons aussi d’apprendre à aimer l'intestin de mouton, mais la tâche est assez ardue!
Les livres que nous avions feuilletés nous avaient laissé de belles images en tête. De vivre la Mongolie nous fait prendre conscience d’une autre réalité. De notre œil d'Occidental, nous sommes d'abord charmés par cette grande liberté qu'offre la vie de nomade: vivre au jour le jour, au gré du temps, à l'écoute des éléments. Mais justement, vivre près de la nature signifie aussi vivre avec les éléments et en ce pays, ils se déchaînent quotidiennement. La vie n'est pas facile.
Sur son cheval, malgré son calme inhérent, l'homme nomade se pose sans cesse mille et une questions. Où sont mes chèvres? Sont-elles toutes là? Ont-elles suffisamment d'eau, ont-elles suffisamment d'herbe? Les loups viendront-ils cette nuit? Les femmes, de leur côté, restent à la yourte.Tôt le matin, ainsi que tard le soir, elles iront traire leur troupeau afin d'en retirer le lait qui leur permettra de produire une variété de produits dérivés: des fromages aux crèmes sures, du lait fermenté (koumis) au yaourt traditionnel, sans oublier le fameux thé salé qui accompagne tous ceux qui mettent le pied en ce pays. Tout au long de la journée, elles garderont le fort, prépareront les repas, rapiéceront la toile de la yourte, etc, etc, etc.
Il y a déjà longtemps que nous avons quitté la piste goudronnée - nous faisons du véritable vélo de montagne ici, le poids en surplus! Pas toujours facile avec le vent qui souffle, les tempêtes de sable, les cols interminables, le soleil de plomb, mais combien satisfaisant de par toutes ces rencontres, ces apprentissages, ces échanges culturels. Nous nous dirigeons vers les Monts Altaï où nous tenterons de passer plusieurs jours dans une famille mongole. Un coup de pédale, deux coups de pédale et c'est reparti!
Finalement, nous passerons huit jours avec une famille de nomades, huit jours à vivre la vie de la steppe, à traire les chèvres, à monter et démonter des yourtes, à tondre les moutons, à rire et à pleurer. Huit jours où rapidement des liens se sont créés et qui, sans aucun doute, resteront gravés en nous à jamais.
, imaginez-vous un instant. 2 100 km de déserts et de montagnes. 2 100 km pour traverser la Mongolie d’Est en Ouest. Nous étions exténués, épuisés. Notre visa mongol allant expirer sous peu, nous devions absolument franchir cette frontière qui, disait-on, nous ouvrirait les portes d'une contrée plus clémente où l'eau et la nourriture abondent.
Mais voilà que malgré toutes les informations obtenues à Ulaan Baatar, malgré les longues discussions mimées et baragouinées dans une langue que nous avons peine à maîtriser, la frontière mongole-chinoise nous était fermée. Seules les Chinois et les Mongols avaient la permission d'y passer. Jamais au grand jamais des Occidentaux n'avaient pu franchir ce bout de frontière!
Après deux jours de discussion, les Mongols ont fini par accepter notre passage, mais les Chinois eux étaient catégoriques: le passage de cette frontière nous était interdit. Nous devions retourner sur nos pas jusqu'à Ulaan Baatar, notre point de départ, pour ensuite voler sur la Chine ou même, sur l'Inde… Trois jours durant, nous avons tenté de contacter l'ambassade canadienne, mais la connexion téléphonique était défectueuse. En fait, les deux seules fois où nous avons pu la rejoindre, nous sommes tombés sur le répondeur! Comment expliquer ce goût amer, cette grande déception? Comment retourner sur ses pas après autant d'efforts? Puis, sur notre route, nous avons croisé deux autres intrépides Européens qui avaient eux aussi entendu parler de cette soi-disant ouverture de frontière. Par contre, de leur côté, ils avaient déjà pris les arrangements avec un homme d'affaire chinois qui leur permettrait de passer la frontière pour la modique somme de 660$ US chacun… (!!!) Jamais nous n'aurions voulu faire partie d'un tel arrangement ou encore en prévoir la tenue. Mais là, que faire? Nous étions déjà illégaux en Mongolie, ayant trafiqué le 0 du 20 juillet pour un 6 sur notre visa… Nous avons finalement appelé cet homme, négocié notre passage à 400$ US chacun et attendu, dans le plus grand stress, dix longs jours.
Le 24 juillet au matin, nous avons refait le trajet jusqu’à la frontière, passant par toute une gamme d'émotions, et de papiers. L’homme d'affaire nous attendait, nous faisant passer rapidement d'un guichet à l'autre. L’un des douaniers - qui nous avait d'abord refusé l’entrée en Chine - est venu serrer la main de Mel en lui souhaitant, dans un anglais cahoteux, «Joyeux Anniversaire»! Lorsque nous avons finalement vu cette estampe rouge sur notre passeport, nous ne pouvions y croire. Bousculés dans un tourbillon de honte et de soulagement, nous nous sommes lentement dirigés vers le drapeau chinois…
Sitôt passé la frontière, la Chine nous ouvrait grande ses portes: des sourires aux klaxons, des pastèques aux jus de fruits, des mets épicés aux pains de sésames. Nous avons traversé un immense désert en un temps record, sur une route fraîchement pavée, pour enfin arriver à Ürümqi, capitale du Xinjiang, province autonome de la Chine. Au cœur de cette ville charismatique où règne un parfum des contes des mille et une nuits, la culture ouïghoure s’entremêle à celle des Chinois de l'Est. Nous étions heureux dans l'immensité de la steppe, mais quel plaisir que de ressentir l'atmosphère qui règne en ce coin du monde, où la musique se marie aux odeurs de fête.
, nous avançons au rythme de la musique, au rythme de la vie. Sur notre chemin, de nombreux signes du pouce en guise d'encouragement. Des Chinois comme des Ouïghours s'arrêtent pour nous offrir melons ou bouteilles d’eau. Les yourtes ont laissé place aux maisons de terre, les chevaux aux ânes tirant la charrette.
Nous évoluons dans une contrée en plein bouleversement où les Ouïghours tentent avec peine et misère de contrebalancer la présence chinoise qui se fait de plus en plus envahissante. Ce ne sont pas des dizaines, mais des centaines d’usines à charbon qui, dans certaines régions, parsèment le paysage. Nous avons parfois l'impression de pénétrer dans une fourmilière tellement le nombre de travailleurs sur les routes est impressionnant.
Le Xinjiang a été envahi par la Chine au même moment que le Tibet. Mais ici, il n’y a pas de Dalaï Lama. Nous ne parlons que trop peu de la situation politique de ce peuple. Comme au Tibet, les droits fondamentaux des Ouïghours sont quotidiennement bafoués. Et encore une fois, la tactique du gouvernement chinois semble être l'assimilation par le nombre. Nous ne connaissons pas la Chine, mais ici, maintenant, nous avons la profonde impression que cette nation marquera le monde.
Il y a de ces moments…Il y a de ces moments qui restent gravés dans la mémoire. Ils sont rares, uniques et peu communs. Hier, nous nous sommes éveillés très tôt, avant que le soleil ne se lève. Nous voulions filmer cette étendue immense, ce désert de sel dans lequel nous évoluons depuis quelques jours. La beauté du moment était mémorable: le vide, l’immensité, la désolation.
Puis, doucement, tout doucement, le vent s’est levé. Ce qui semblait être une brise matinale est rapidement devenue une véritable tempête de sable. À chaque inspiration, nous pouvions sentir le mur qui se dressait autour de nous. Les villages précédents ayant été désertés il y a quelques années, nous n’avions d’autres choix que de reprendre la route. Nos réserves d’eau et de nourriture descendaient à vue d’œil. C’est ainsi que nous avons évolué dans cet environnement chaotique, le visage couvert, le vent soufflant le sable vers d’autres lieux. Une vision rude et douce à la fois… Comme si nous savions que nous vivions un moment unique, qui ne se répèterait probablement jamais dans notre vie.
Soudainement, dans le mirage de cette tempête, ce désert que nous traversions depuis trois jours s’est transformé en une gigantesque mer de part et d’autre de la route. Nous étions estomaqués, abasourdis. Comment cela était-il possible? De l’eau à perte de vue! Des oiseaux «marins» survolaient même cette étendue fantomatique. Jamais nous n’oublierons ce moment. Cinq kilomètres plus loin, nous retournions dans le désert, son sable et ses 45 °C.
Le Tibet est maintenant tout près. Demain, nous attaquons notre premier col de plus de 4000 mètres d’altitude, mais surtout, nous nous préparons mentalement à franchir cette frontière interdite aux cyclistes.
, le plateau tibétain, les montagnes enneigées, les gorges profondes, les cols qui n'en finissent plus. Le désert nous a tellement marqué que même ici, où l’altitude impose ses restrictions, nous sommes comblés.
Le vert éclatant des plaines nous rappelle celui des steppes à quelques latitudes d'ici. Cette fois, elles hébergent des gazelles, des ânes sauvages et d'immenses troupeaux de yaks qui profitent des vastes pâturages que l'on y retrouve. Les rivières sont nombreuses. Depuis plusieurs jours, le souffle court, nous évoluons à plus de 4 500 mètres d’altitude. Plus nous avançons, plus nous sentons ce Tibet qui, après tout ce que nous avions lu, ne semblait plus exister. Doucement, nous entrons en contact avec ce peuple profondément religieux qui semble vouer un immense respect aux étrangers venus s’aventurer sur leur territoire occupé.
Tashidelek! De vielles femmes viennent à notre rencontre, nous saluent et continuent leur chemin en faisant tourner leurs moulins à prières religieusement. Nous ne sommes pas entrés sans difficulté dans ce Tibet qui, encore aujourd’hui, est interdit aux individus. Déjà, nous sentons ce qui a pu émerveiller autant de gens de par le monde: un art certainement endémique, un culte religieux unique, des coutumes vestimentaires colorées, mais surtout, surtout, un peuple qui invite invariablement au respect. Il est, pour nous, mystérieux.
Comme c'était le cas à Ürümqi, capitale du Xinjiang, une tactique d'étouffement culturel est employée par le gouvernement chinois déterminé à assimiler ce peuple pour de bon. La présence militaire est impressionnante. Il nous est impossible de comprendre. Face à notre impuissance, nous sommes profondément choqués.
Nous tenterons de reprendre des forces en passant quelques jours dans un monastère et en s'arrêtant dans un village sur la route du Népal (la frontière du Sikkim étant toujours interdite aux étrangers). D’ici là, nous tenterons de goûter un temps soit peu à «Ce qu'il reste d’eux», car en tant qu'optimistes invétérés, nous avons l'impression que ce qu'il reste d'eux, restera longtemps…
*Le Tibet a été envahi par la Chine en 1950 et la Révolution culturelle de la fin des années 60 a tué plus d'un million de Tibétains et engendré la destruction de milliers de temples. L'accès au Tibet est interdit aux individuels et aux cyclistes. Un permis spécial est nécessaire et ne peut être obtenu qu'à condition d'être en groupe, de voyager en véhicule motorisé et de verser un certain montant d'argent. Une amende de 50$ US peut être imposée aux intransigeants. Ils peuvent aussi se voir expulser de la région tibétaine.
, la cage thoracique écrasée par l'altitude, le souffle court, nous venons de traverser notre Xème col à plus de 5 200 mètres d'altitude. Les nomades de leur côté ne semblent y voir aucun problème, laissant paître leurs troupeaux sur des parois où même les grimpeurs les plus aguerris n'oseraient s'aventurer sans équipement.
La route est difficile. Des milliers de personnes, incluant des enfants et de très vieilles femmes tibétaines, y travaillent pour une bouchée de pain dans des conditions on ne peut plus misérables. Malgré tout, rien ne les empêche de nous inviter à prendre le thé. D'un autre côté, les effets du tourisme se font également ressentir. Plusieurs nous demandent vêtements et argent, nourriture et crayons. Nous apercevons même un homme depuis sa jeep lançant des stylos aux jeunes enfants accourant derrière le véhicule les mains tendues vers le ciel. Trop pressé pour s'arrêter? Difficile d'établir des relations sincères dans de telles conditions.
Nous amorçons la descente d’un col qui devrait nous permettre de dormir à une altitude plus confortable quand nous apercevons à l'horizon un village haut perché où les derniers rayons de soleil en éclairent les remparts. La vision est quasi prophétique. Aucune route ne s’y rend et, pour y avoir accès, il y a certainement deux rivières à traverser. Mais nous sentons le besoin d’oser. C’est ainsi que nous passerons la nuit sur le balcon d’une famille on ne peut plus accueillante. Le temps des récoltes amènera Olivier à aider les hommes à charger les ânes alors que Mel aidera la vieille femme à tenir la maison. Momo (viande de yak enrobée dans une pâte épaisse), thé au beurre et bâc (purée de céréale) agrémenteront notre journée. Il est parfois difficile d’oser, ici comme ailleurs; mais plus souvent qu’autrement, lorsque nous l’avons fait, oser nous a permis d’apprendre, de grandir et de partager.
La descente d'une vieNotre dernier col, quelle sensation! Nous amorçons notre descente, nos derniers coups de pédale dans l'Himalaya. Depuis notre départ d'Ulaan Baatar, en Mongolie, nous n'avons rencontré pratiquement aucune forêt, aucun arbre, et soudainement, en l'espace de quelques heures, nous passons de 5200 mètres à 1000 mètres d'altitude, nous enfonçant de plus en plus dans la jungle népalaise. Nous sommes déstabilisés par la présence soudaine de cultures en terrasse, de temples hindous, de femmes en sari. Cette forme de vie nous avait tellement manqué. Encore une fois, nous devons réapprendre à parler, à compter et à décrypter le langage corporel. Bienvenue au Népal!
, l'arrivée à Kathmandu n’a pas été de tout repos. Après s’être fait surprendre par une montée ardue de 30 km, accompagnée de la chaleur et de l'humidité que nous offrait notre nouvel environnement, nous nous heurtions au trafic étouffant de la capitale. Notre horaire quelque peu modifié par la longue ascension de l’avant-midi, nous nous retrouvions à pédaler de nuit dans une jungle de voitures, se criant à tour de rôle des directions dans la cacophonie des klaxons et des moteurs rugissants.
C’était bien là un avant-goût de ce que nous réservait notre prochaine destination! Plus nous avancions vers l’Inde, plus il y avait de monde. Le passage à la frontière, notre dernier sur le dos de nos vélos, fut chaotique, mais rapide. Puis, le choc. Des milliers et des milliers de personnes. Des femmes en saris multicolores, des enfants quêtant les passants, des hommes portant des charges énormes sur leurs têtes. Après avoir passé plus de trois jours dans un petit village rural, nous en savions un peu plus sur ce système des castes qui, encore aujourd'hui, est omniprésent. Nous en savions également plus sur la place de la femme dans cette société patriarcale.
Milles regards, milles questions. L'Inde nous surprenait et nous choquait. Malgré notre émerveillement, elle nous puisait énormément d’énergie.
Et voilà, nous arrivions aux portes de ce qui devait être notre destination finale: Varanasi! Belle, mythique, Varanasi est unique au monde. La croyance populaire veut qu’en ce lieu, l’âme quittant le corps des hommes se rende directement au paradis, s’échappant à tout jamais du cycle des réincarnations. Tous les matins au lever du soleil, des milliers d’Hindous viennent se purifier dans le Gange, leur fleuve sacré, mais aussi l’une des rivières les plus polluées de la planète.
Comment pouvions-nous quitter nos vélos aussi rapidement? La route nous interpellant, nous avons décidé de pédaler jusqu’à Kolkata, notre véritable destination finale. Nous sautons donc sur nos vélos pour les 1000 derniers kilomètres…
, au son des tablas qui résonnent encore dans nos têtes, nous avançons vers le Bihar, l'un des états les plus peuplés, les plus pauvres et les plus dangereux de l'Inde. Il y a trois jours à peine, une fusillade a eu lieu dans l'une des villes que nous nous apprêtions à traverser. "Ne vous arrêtez jamais, ne prenez pas les détours causés par la route en construction et surtout, cessez de pédaler avant le coucher du soleil." Peu rassurant. Certes, plus nous avancions dans le Bihar, plus nous sentions cette différence. Ici, encore plus qu'ailleurs, les hommes, les femmes et les enfants se battent pour leur survie.
Mais ce ne sont ni des bandits, ni des groupes armés, ni des révolutionnaires que nous croisons sur notre route. Ce sont plutôt des milliers de regards en point d'exclamation et des milliers de gens remplis d'une curiosité impossible à contrôler! À tous les jours, l'Inde nous dévoile ainsi d'autres visages, d'autres moeurs, d'autres coutumes. Nous sommes désormais si habitués à la différence, à l'inusité, que plus rien ou presque ne nous surprend! Puis, doucement, au fil du temps et des coups de pédale, nous avons commencé à sentir l'air marin, à apercevoir des palmiers, à comprendre que nous étions tout près, tout près de la fin...
Curieusement, c'est à quelques centaines de kilomètres de l'arrivée que le sentiment d'extase, d'accomplissement, de réalisation s'est fait sentir. 7 951 km. Déjà!? Et nous qui étions si néophytes au départ! Pas déjà… Mais l'aventure ne s'arrêtait pas là, ho non! Nous voulions plus que tout la continuer! Dans la vie de tous les jours, certes, et de par les nombreux projets que nous avions imaginés en cours de route, mais surtout par la concrétisation de ce rêve. Ce rêve de partager, par l'image et avec le plus grand nombre de personnes possibles, nos valeurs, nos idées,nos idéaux...